2001
Juin-Juillet 2001
Je n'essaie pas de couper les ponts mais de temps en temps ils se coupent d'eux-mêmes. Ou ils rouillent. Impossible d'y passer. Ils n'ont pas été entretenus correctement. Par exemple, je pourrais retourner à Nashville mais je ne connais plus aucune chanson. Je savais, quand je suis venu, que je rencontrerais ce problème si jamais je cherchais à retourner. C'est quand même peu de choses comparé à ce que peut être une table rasée, prenons la marche de Sheramn à travers l'Etat de Géorgie.... La terre brûlée, le ravage des familles... ça c'est faire table rase!

Dans un sens, je suis plus à l'aise quand je joue en France. Ca fait neuf ans que je présente mon spectacle ici et il a évolué de façon plutôt européenne. Tu sais, ici on peut dire "Yippee yahou"! A Nashville c'est hors de question. Trop de sophistication là-bas. Les Américains dénient que "Yippee yahou" soit l'élément basique de la musique country. Mais en fin de compte, c'est ça qui attire tout le mode.

Je sais chanter "Nationale /" de Charles Trênet.

J'aime bien regarder les gens qui dansent à mes concerts. Ca ajoute une dimension à la soirée. J'aime bien les danseurs.

Je n'aime pas le mot réfugié. Ni dans la musique, ni dans la vie. Ce mot implique qu'on peut ni reculer ni avancer. Qu'on est bloqué dans un asile sécurisé.

Je suis conscient de symboliser quelqufois mon pays. A ces moments-là, j'essaie de ne pas faire de bêtises comme par exemple parler trop fort et boire trop de Jack Daniels. Et quand les gens commencent à m'expliquer ce qui cloche aux Etats-Unis? J'écoute. Souvent ils ont raison.
Je ne pense pas être un vagabond. Dans ma vie, je n'ai habité que trois endroits: Chicago, Nashville et ici. C'est vrai que j'ai passé quelques temps à Vancouver. Et la Navy m'a envoyé à Memphis. J'avais un petit trio folk pendant mon service militaire. On a fait des chansons contestataires. On a connu une grande popularité.
C'était en 68.
Je vois Londres,
je vois la France
Je vois les culottes 
de Constance
C'est ça la version Chicago. Bien saine et propre, Chicago, pour une grande ville. Mais naïve!
Non, je ne dirais pas naïve.